Depuis quelques mois, je travaillais sur une maquette de l’Enterprise, ou du moins d’une version de l’Enterprise : USS Enterprise NCC-1701-A. Je ne vais pas revenir sur la réalisation de cette maquette, vous trouverez déjà pas mal de détails ici. Avant qu’on me commande cette maquette, je ne connaissais rien du tout à Star Trek, j’avais vu quelques épisodes gamin mais je n’avais aucune idée de l’étendue de cet univers. En effet, ma connaissance de l’Univers trekien se limitait au sketch des Inconnus de la fin des années 80. Je ne vais pas ici vous raconter tout Star Trek (plus de 700 épisodes sur 6 séries…) mais plutôt m’intéresser aux différents vaisseaux Enterprise qui sont au centre des séries et des films, avec l’oeil du maquettiste.
Tous les vaisseaux Enterprise sont basés sur le même concept
- Un corps, souvent appelé le « cigare »
- Deux pylônes reliés au cigare
- Deux nacelles WARP reliées aux pylônes et permettant le voyage par distorsion
- Un cou relié au corps
- La fameuse soucoupe, à l’autre extrémité du cou. Elle est détachable sur certains modèles
Enterprise NX-01
Dans l’Histoire de Star Trek, le premier vaisseau à porter le nom d’Enterprise est le vaisseau du capitaine Jonathan Archer (joué par l’excellent Scott Bakula). On note des nacelles WARP relativement petites qui ressemblent beaucoup à celle du premier Enterprise de la série originale.
Je n’ai encore jamais fait ce vaisseau en maquette . On me l’avait bien commandé il y a quelques années mais j’avais refusé. Rien n’existait pour moi en dehors de Star Wars. Je me suis soigné depuis. La principale difficulté réside dans le paneling, extrêmement complexe. La meilleure solution pour s’en sortir consiste à utiliser des planches de décals. Les kits disponibles sont nombreux et comporte souvent plus de 10 planches.
USS Enterprise NCC-1701 : Discovery
J’ai longtemps cru que le nom « Enterprise » évoquait LE vaisseau spatial de Star Trek. En visionnant les séries, on s’aperçoit qu’en fait, l’immatriculation NCC-1701 a été portée par de nombreux vaisseaux au cours des époques. Il n’y a donc pas UN vaisseau Enterprise mais toute une série. Joie pour le maquettiste.
Cette version apparaît à la fin de la saison 1 de Discovery, ce qui en fait chronologiquement la plus ancienne version de l’Enterprise immatriculée NCC-1701. En effet, la série Dsicovery situe son action environ 10 ans avant la série originale.
Cette Enterprise est assez semblable à celle de la série originale bien que légèrement relookée pour faire plus moderne. Il est commandé par le capitaine Pike, avant qu’il passe au four micro-onde.
On revoit cette version de l’Enterprise plus en détail dans la saison 2. Il sera intéressant de la comparer avec la version originale de l’USS Enterprise NCC-1701 de la série originale de 1966. On se demande toutefois comment justifier le look « tuné » avec des lumières partout de cette version alors qu’elle est antérieures théoriquement à celle de la série originale.
USS Enterprise NCC-1701 : série originale
Sans être le tout premier vaisseau de l’Histoire de la télévision, l’Enterprise est tout de même le plus connu et le plus reconnaissable. Il est intéressant de connaître la signification de l’acronyme USS : United Space (ou Star suivant les sources) Ship. Les producteurs de la série Star Trek avaient souhaité inclure une référence patriotique américaine. En effet, les bateaux de la Navy s’appellent tous USS… pour United States Ship. La suite de lettres NCC n’a pas de sens particulier, c’est simplement une immatriculation. Le vaisseau est la plupart du temps commandé par le vulcain M. Spock. Vu que Kirk est occupé à lutiner tout ce qui porte un chromosome X et qui passe à moins de 10 années-lumière de l’Enterprise..
Assez dépouillé, le style du vaisseau est tributaire de son époque, les années 60. On imaginait alors un futur très propre, des surfaces lisses, des couleurs unies. Star Wars et Alien n’étaient évidemment pas encore passés par là. Les pylônes sont fins, les nacelles WARP cylindriques. Les angles sont assez droits. Peu de lumières, les hublots se comptent presque sur les doigts des deux mains. Un détail très kitsh, à la fois peu réaliste et très intéressant à reproduire en modélisme est le kaléidoscope multicolore à l’extrémité des nacelles.
USS Enterprise NCC-1701 refit : Star Trek 1, 2 et 3
En 1979, la Paramount ressort la franchise du formole en réalisant Star Trek, the motion picture. Quinze ans se sont écoulés depuis la série originale. Star Wars a définitivement fixé le type de design qui « fait futuriste » : des vaisseaux ayant vécu, sales et hyper détaillés. L’USS Enterprise NCC-1701 de la série ne peut pas être réutilisée telle qu’elle. Les maquettistes d’ILM (les mêmes que pour Star Wars) ont donc refondu (« refit » en Anglais) le vaisseau.
Le design du vaisseau a été revu assez profondément. Bien que la structure de base reste la même, chaque élément a été modifié : les nacelles WARP sont plus profilées, plus riches en décoration et éclairage, les kaléidoscopes très 60’s ont disparu.
Ensuite, le déflecteur en forme de gros radar dans la série originale est remplacé par un disque lumineux qui change de couleur quand le vaisseau passe en distorsion. La surface est beaucoup moins monotone, les créateurs ont appliqué un paneling nacré d’une rare complexité. La surface du vaisseau est ainsi plus intéressante. On n’est pas encore avec un vaisseau Star Wars, certes… le design Star Trek est toujours là mais on s’en approche un peu avec l’ajout de détails et de couleurs qui « usent » un peu le vaisseau.
Dans Star Trek 3, Kirk, qui n’aimait pas la couleur, détruit volontairement le vaisseau. Il sera reconstruit quasi à l’identique mais avec des nuances bleues et non plus vertes.
USS Enterprise NCC-1701-A : Star Trek 4, 5 et 6
D’un point de vue structure, rien de particulier à dire, cette version de l’Enterprise est presque exactement la même que la précédente. On note simplement un petit changement au niveau des grilles à la base du cou.
La seule vraie nouveauté est en fait l’immatriculation à laquelle on a ajouté de la lettre -A. Cette classification restera pour toute la suite de la série. Si vous êtes arrivés jusque là, c’est que mon lien vers la présentation de la maquette n’était pas assez évident alors je le remets.
Enterprise B : Star Trek 7 Generations
Bien avant Benoît Hamon, la franchise Star Trek a réuni les deux générations de Star Trek. Le début du film présente l’inauguration de l’USS Enterprise NCC-1701-B sous le commandement du célèbre capitaine Jean-Jacques.
Au cours du vol, un incident survient et le capitaine Kirk tombe la tête la première dans un vortex. A cause de son déambulateur gravifique qui a une malfonction. Personne ne sait vraiment ce qu’est un vortex mais ça fait bien dans le texte. Ceci marque un coup d’arrêt à sa carrière de capitaine et franchement il était temps.
Cette version est en fait un recyclage de l’Excelsior qu’on aperçoit à la fin de Star Trek 4 et dans Star Trek 6 (alors commandé par Mr Sulu). Même concept mais le corps en forme de cigare disparaît au profit d’une forme très navale. Une simple ouverture dans la coque accueille le déflecteur avant. Les pylônes sont des équerres à angle droit et non plus d’imposantes tiges, préfigurant ceux de l’Enterprise-D de Picard. Les maquettistes ont relooké les nacelles WARP et la soucoupe. Celle-ci semble « renversée » par rapport à celle de modèle A et des modules rectangulaires sont visibles sur l’arrière.
Enterprise C : Star Trek Next Generation ep. « Yesterday Enterprise »
Un épisode de la série « Nouvelle génération » fait apparaître l’USS Enterprise NCC 1701-C lors d’un voyage dans le temps. Un excellent épisode au demeurant, comme souvent quand il y a des voyages dans le temps.
Le vaisseau est une synthèse entre l’Enterpise A et l’Enterprise D qui est le vaisseau principal de la série. On y retrouve le « cigare », le « cou » et la soucoupe circulaire du A mais des nacelles WARP qui font vraiment penser à celles de D. Le vaisseau a été conçu comme le chaînon manquant entre ces deux époques. On le sent quand même moins travaillé que les autres, ce qui est normal puisqu’il n’apparaît que dans un épisode.
USS Enterprise NCC-1701-D : Star Trek Next Generation
Cette version est celle qui a eu le plus de temps d’écran. En effet, elle est apparu tout au long des 7 saisons de Next Generation avec le même équipage. Le capitaine est le français Jean-Luc Picard. Je cherche une blague à faire sur le nom de Picard mais tout ce qui me vient est assez nul. Je vous en ferai donc grâce. On la voit également durant le film Star Trek Generations mais il est détruit à la fin parce que quand même, y’a pas de raisons qu’il n’y ait que Kirk qui ait le droit de crasher son vaisseau. Si t’as pas crashé ton vaisseau Starfleet à 50 ans, t’as raté ta carrière de capitaine.
Cette version ré-introduit les kaléidoscopes à l’avant des nacelles WARP. J’arrive pas à m’y faire, je trouve que ça fait vraiment jouet des années 80… Les pylônes sont mieux intégrés à la coque. Le corps central n’est plus en forme de cigare, il est plus aplati, comme un haricot. Le déflecteur avant est toujours présent, toujours lumineux.
La plus grande différence est au niveau de la soucoupe qui prend une forme d’ellipse et n’est plus circulaire tout en étant beaucoup plus grande. Le nombre de hublots est beaucoup plus grand que sur les versions précédentes. Pour réaliser la maquette, ce serait d’ailleurs un cauchemar : des centaines de masquages minuscules à faire à la bande cache…
Ce n’est honnêtement pas ma version de l’Enterprise préférée, je la trouve un peu déséquilibrée. La soucoupe me semble trop imposante. Les nacelles WARP ne sont pas mises en valeur en étant situées sous le plan médian de la soucoupe et leur aspect « jouet » me gêne un peu.
Enterprise E : Start Trek 8, 9 et 10
On arrive à la dernière version (enfin presque) visible dans les films et séries : l’USS Enterprise NCC-1701-E. Alors là, j’adore. La ligne de ce vaisseau est vraiment magnifique, beaucoup plus élancé que la pataude version précédente. Je soupçonne d’ailleurs Picard d’avoir un petit peu fait exprès de détruire le vaisseau à l’épisode précédent. Ce vaisseau va affronter les Borgs dans Star Trek First Contact, servir à pas grand chose dans Star Trek Insurrection et se battre contre Mad Max dans Star Trek Nemesis.
Par ailleurs, on revient à des pylônes droits et les nacelles WARP sont au-dessus du plan médian de la soucoupe. Le hangar à vaisseau reprend la position qu’il occupait sur la première version, tout à l’arrière.
Le paneling est vraiment complexe et le nombre de hublots bat le record. Le corps et la soucoupe sont solidaires, il n’y a plus de cou. La soucoupe garde une forme d’ellipse mais avec le grand axe dans l’axe du vaisseau et non plus perpendiculaire. Ces deux modifications donnent une ligne effilée au vaisseau du plus bel effet.
Univers alternatifs
Si on compte tous les vaisseaux ayant porté le nom d’Enterprise dans les univers alternatifs, ou dans les séries non canon, on ne s’en sort plus. Citons simplement :
USS Enterprise NCC-1701 – Univers alternatif – Star Trek 2009 et Star Trek Into Darkness
Les moteurs WARP sont plus gros, carrément tunés même
USS Enterprise NCC-1701-A – Univers alternatif – Star Trek Beyond
Un style assez 50’s, on a presque l’impression de voir une Cadillac. Le paneling fait vraiment penser à un vaisseau Star Wars.
Enterprise J – Star Trek Enterprise
Brièvement aperçu dans un épisode de Star Trek Enterprise, le vaisseau appartient à un futur alternatif, au 26ème siècle.
Enterprise F – Star Trek Next Generation épisode « All Good Things »
Dans le dernier épisode de NextGen, Picard voyage dans le futur et rencontre un Riker assez aigri qui commande une version étonnante de l’Enterprise-F qui présente trois moteurs WARP. Et qui du coup va beaucoup plus vite que les autres. Il suffisait d’y penser…
Conclusion
L’Enterprise est un vaisseau mythique, au même titre que le Faucon Millenium dans Star Wars. Il est d’ailleurs amusant de constater que tous les deux sont ni plus ni moins que des soucoupes volantes améliorées…
L’Enterprise a existé sous de nombreuses versions qui permettent de constituer des collections de maquettes des plus intéressantes. Le côté « évolution » étant toujours assez passionnant en modélisme.
Cette commande m’aura permis de découvrir cet univers assez extraordinaire qu’est Star Trek, de dépasser le côté science-fiction vintage qui peut paraître rébarbatif au premier abord. Je ne remercierai donc jamais assez Jean de m’avoir commandé ce vaisseau.
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